TRAIL DU MIOSSON

Publié le par Amis de l'Athlétisme de la Vienne

Le MIOSSON est un modeste ruisseau d’une trentaine de km qui serpente au sud de Poitiers. Sa source est à la cote 117 sur la commune de Vernon, dont Frédéric, notre ancien et talentueux chroniqueur, fut maire. Le Miosson se jette dans les eaux du Clain dans le bourg de SAINT BENOIT à la cote 75. Ses eaux calmes en été grossissent subitement en cas de fortes pluies, ce qui était le cas hier et les prairies et champs le bordant sont parfois inondées. En d’autres lieux il est enserré par des coteaux abrupts, niveau de l’orgueilleux fleuve qu’il était sans doute il y a des dizaines de milliers d’années.

En 2008, le P.C.O. et la C.L.F anticipant sur le mariage pour tous s’unirent pour créer le « TRAIL DU MIOSSON » une course de pleine nature déclinée en 3 versions (8, 16 et 24 kms) dont la sinueuse rivière est le squelette. Les dénivelés s’y succèdent, les écrins de verdure aussi. Çà et là un château, une gentilhommière, un pont pittoresque, un animal sauvage, confèrent à cette course un attrait sublime cautionné par une abondante participation.

Les sentiers, privés pour la plupart mais autorisés pour l’occasion, sont rudes aux muscles, même bien entraînés… quand les écluses célestes, et c’était le cas hier, s’ingénient à baptiser d’abondance l’évènement.

Et c’est justement l’aspect sportif de cette compétition pour tous niveaux que je voudrais souligner. Ils étaient près de 800 à s’élancer pour une heure, deux heures, voire 3 heures pour les plus courageux. Les âges s’étalaient de 16 à 77 ans, comme les lecteurs du magazine TINTIN, quand se massèrent sur la ligne de départ les prétendants à cette gloire intime que Pierre de Coubertin a si bien décrite il y a plus d’un siècle. Oui, sauf une quarantaine de cracks habitués à squatter les résultats ; ça se voyait à leurs mollets nerveux, leurs joues affûtées et leurs équipements minimalistes, cette cohorte recherchait l’estime d’elle-même en espérant le respect des spectateurs disséminés aux points de passages attrayants, pour ceux qui s’étaient levés tôt, ou regroupés aux abords de la ligne d’arrivée où l’étalement des allures créait spectacle permanent.

Les tenues disparates et colorées, au-delà des besoins physiologiques : mini–bidons , barres céréalières accessibles, pipettes à portée de bouche, sacs à dos étroits et allongés,- avaient vertu de viatique pour qui, comme Ulysse, partait pour un long voyage.

Les naseaux fumants de la troupe en instance laissaient une vapeur diluée au-dessus des têtes ; les bavardages s’estompèrent et le starter, doigt sur la gâchette du fusil de chasse haut levé déclencha la foudre.

Toute peur vaine oubliée, les forçats se répandirent en vagues oscillantes sur le bitume et le chemin y faisant suite. Cette communauté ambulante n’appartenait plus à personne, vivant ses impatiences, ses petits secrets, ses déchirements, tous vécus comme des privilèges. Le speaker crut voir déjà détachés 3 ou 4 favoris, avec leurs maillots salis dans une mare où il y a quelques heures folâtraient des sangliers.

Pour ma part après avoir remis les dossards de la course la plus longue, je me retrouvai « signaleur » dans le crachin et la froidure sur le coup de midi à un km de l’arrivée. Les pourpoints boueux, la boue cristallisée sur les jambes et les visages, les allures chaotiques et machinales, conféraient à tous des postures de rescapés…c’était Paris-Roubaix sans les vélos !

Aux encouragements donnés sans barguigner, ils répondirent tous par un mot, un sourire, un clin d’œil ; ils avaient payé 5 euros pour se confronter à Dame Nature, et en 2013, elle ne les avait pas ménagés. Sous leurs pas des chausse- trappes glissantes, des fondrières, des dévers impitoyables, des dédales boisés. L’un d’eux se fendit le genou, mais la rotule était intacte, il parlait déjà dans l’ambulance de courir le dimanche suivant.

Dans 5 minutes leur enfer s’estomperait. Avec une éponge et un verre d’eau, ils évacueraient le trop plein de boue, changeraient leur maillot trempé, pour au moins trois couches de vêtements secs. Ils iraient rendre leurs dossards et se régaleraient d’un bol de soupe bien chaude et d’un sandwich, puis ils assisteraient à la remise de récompenses (coupes et produits locaux) en applaudissant la quarantaine de vainqueurs des différentes catégories, ceux qui les représentent aux yeux de tous.

Et acteurs, spectateurs et organisateurs, tous égauxdans le contentement, libresdans leur refus des contingences climatiques et fraternelsdans l’intérêt porté aux choses simples, avaient un peu vécus « le Vendée Globe du Miosson » C.Bodin –Radio-Accords BDV 28 JANV 2013

 

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